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mardi 8 décembre 2015

Tasmanie

Pour célébrer notre départ pour des vacances reclus dans le fond de la Tasmanie on organise un barbecue prolongé au parc de Flagstaff avec les colocs. Mon sac n'est pas terminé et on doit partir dans 2h pour l'aéroport, nous sommes comme qui dirait "à l'arrache complet". Si j'étais conscient de l'urgence de la situation, je me dépêcherais, mais là je suis occupé à jouer de la guitare avec seb et j'ai pas fini ma chipolata. Dans la magie de l'aventure et de la précipitation, je conduis le van en pleine nuit jusqu'à l'aéroport, les paupières semi-ouvertes avec Tristan qui n'a pas voulu s'endormir de peur de ne pas pouvoir se réveiller à temps.
Je travaille depuis quelques semaines chez avis, l'entreprise de location de véhicules en bas des terminaux de l'aéroport de tullamarine. Un boulot de rêve où je conduis et je nettoie des voitures, un circuit et des gestes toujours identiques, un boulot facile et tellement ennuyant que je ne fait que penser à la rentrée d'argent et aux pauses prisent en scred au café italien du terminal ou au macdo. Je suis quand même content d'avoir ce job, Il ne me restait plus que 7$ sur mon compte en banque. Je me suis pourtant autoproclamé en vacances dès la troisième semaine, j'ai juste assez pour partir en voyage et payer mon extension de visa. En parlant de ça, je n'ai pas remplis les 3 mois de travail en ferme nécessaire au renouvellement de visa PVT. J'ai dût bullshitter les chiffres et les codes postaux de mes contrats en croisant les doigts de ne pas me faire contrôler... Mais vu que j'ai de la chance comme immigré, tout se passe nickel et je suis autorisé a rester 1 an de plus chez les kangourous (et payer quelques 400$), même pas besoin de me planquer dans des caves avec des sans-papiers.
Pour revenir au sujet principal de ce chapitre, la Tasmanie, on arrive tant bien que mal au terminal domestique de Melbourne Tullamarine, les yeux en trou de pineball comme si ils étaient déjà préparées à être éreinté de voir tout ces magnifiques paysages en perspective. En effet, cette île du Sud Est de l'Australie est ornée d'un vert sauvage, de forêts humide froide aux sécularités préhistoriques remplissant un vallonnement étonnant de variété, paisiblement figée dans le temps sur une surface comparable à l’Irlande . L'électricité est 100% d'origine renouvelable, majoritairement produite par les turbines hydroélectrique alimenté par les nombreux cours d'eau. Ici, tu respires la fraîcheur des grands espaces et les pets de moutons bio.
On atterrit à Launceston, la deuxième ville de Tasmanie dans la partie nord de l'île. En fait c'est un grand village côtier qui est à l'embouchure d'une gorge ressemblant vaguement au nord du royaume uni. C'est le petit matin et l’auto-stop nous semble une solution économique et efficace pour se faire recommander une accommodation par des locaux en évitant les transports privés qui coûtent les yeux de la tête. Une prof de la fac super nous dépose à l'Office du tourisme et de là on planifie notre trip plus en détail. On a décidé de voyager en stop, c'est pas compliqué, tu gardes les pouces levés pour garder le moral au top et attirer la chance. C'est plaisant de découvrir le monde avec ce mode de transport, c'est plus humain et les gens d'ici sont des crèmes qui poussent la gentillesse vers d'autres frontières. On peux nettement ressentir les différences de mode de vie entre le continent et ces villages catapultés 20 ans en arrière. Les gens s’amusent à dire que c'est leur retard sur le reste de l'Australie qui donne tout le caractère et l'ambiance authentique d'un passé retrouvé.
On dépose nos sacs dans une auberge de jeunesse quasi-vide et on part randonner à Cataract gorges. C'est une boucle de balade sympa qui passe sur les deux versants avec un bar à thé reclus autour de jardins très zen emplis de paons et walibies. Après un petit tour en ville, nous décidons de nous offrir un dernier grand repas quitte à se lâcher un peu et goûter les spécialités du coin. Le mouton et le saumon sont très réputés et c'est avec joie qu'on se pète le bide avant la longue diète au lyophilise qui nous attend. Le Restaurant jail house nous aura fait vivre un grand moment comparable au dernier repas de condamnés. Parce-que si je suis sur cette île où il commence à sérieusement cailler la nuit, ce n'est pas pour admirer les rues vides et compter les pubs irlandais, c'est pour la grandeur des espaces de randonnée de voie mythiques.
J'ai envie de me retrouver seul sur un chemin à en marcher jusqu'à perdre de vue les deux bouts de l'horizon, dormir dans des refuges précaires et manger des feuilles si bon me semble. Une mission crue et profonde. J'ai entendu parler de l'Overland track, une randonnée de 100km qui use les souliers, traversant une biodiversité hors du commun, exempt de technologies, routes, confort, communication, ravitaillement... C'est toi face à toi même. Plus mon super pote Tristan. Tu en apprends plus sur tes limites et sur celle des autres, pouvoir se serrer les 4 coudes donne un beau coup de pousse à l'unité et à défaut d'allumer les chaussures, les ampoules qu'on se fait illuminent notre chemin.