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mardi 31 mars 2015

Bubule

J'ai un nouveau pote! Il est muet mais malgré ses handicaps on vit le rêve. Ça faisait un moment que j'en parlait avec julien, on déconnait pour trouver des noms farfelus ou drôles coïncidant avec la personnalité extravagante qu'il pourrait avoir. Comme ça parait bizarre, étonnant ou même inconscient d'habiter et voyager avec un animal dans un van, je me sens redevable de justifications ou plutôt d'explications.

Les agressions corporelles en australie sont en baisse grâce à bubule et son intimidation animale. C'est un poisson de garde qui saura stopper les criminels dans n'importe quelle situation, du moins c'est pour ça que je l'entraîne. Une boule d'agressivité sans pitié sautant à la gorge des intrus. Je l'ai choisis parce-que c'est un combattant, rouge flame avec une queue qui flotte comme la cape de superman en mission pour sauver le monde. J'ai dût reduire sa consomation de redbull depuis qu'il a arraché l'oreille d'un rotveiller. Ensemble, on voyagera, je le dresserai et il gagnera sa liberté avec tout les dangers qui vont avec. Ça deviendra une sorte de symbole, comme la dinde de thanksgiving graciée d'Obama, laïka la chienne voyageuse cosmonaute, ET, némo, ou Willie (celui qu'il faut sauver).

C'est aussi la possibilité de passer un message de liberté et d'avoir du fun dans l'excentricité. Pouvoir offrir un destin différent de ce qui lui était tracé, me détendre à le regarder, et moi, de l'autre côté de la glace comparer nos mondes sauvages, bouche bée. On cherche tous à trouver notre voie en philosophant aux problèmes les plus complexes de la vie en utilisant la raison, la technologie ou notre fière intelligence égocentrique auto-déclarée la plus évoluée à tout les niveaux. C'est là même qu'on se rend compte que les réponses les plus pures se trouvent dans les choses les plus simples. 

Changer la fatalité en espoir, le destin en opportunités à saisir. Je ne suis donc pas son maitre mais son ami.

Alors poses toi des questions. Auras tu vu autant que lui depuis sa bulle muette? Quelles traces laissera t'on dans nos univers? Lesquelles veux-tu retenir?

Si vous êtes jaloux d'un poisson baroudeur, sortez de votre bocal et commencez à nager avec nous, il y a plein de place et d'amour dans notre sphère multicolore.

Scenic rim

L'intérieur des terres à l'Ouest de brisbane est vraiment joli, pourtant la région est très tournée sur le tourisme balnéaire de gold coast (la côte d'azur pour surfers en Australiene). A croire qu'une ville commerciale au possible avec une plage interminable au pied de grattes-ciel à la miami beach attire plus que des perles dans la forêt vallonnée. Je pars avec Melina, l'allemande avec qui j'étais à Fraser Island en 4*4 et à noosa pour le kayak il y a quelques semaines. On pars avec le van voir des cascades et de la nature pour s'échapper de Brisbane et ses backpackers bruyant ou je squatte le parking de l'auberge de jeunesse et utilise les commodités, la piscine, le jacuzzi, le terrain de basquet et la navette gratuite qui va jusqu'en ville (merci les potes qui partagent les avantages).

La Queen Mary falls est relativement stylée, il n'y a personne parce que la météo n'est pas au top et que l'endroit est assez reculé. Je me decide à prendre une douche froide dans l'enclave de roches noire sur lesquelles l'eau froide tombe avec fracas. Il y a beaucoup d'iguanes et de dragons d'eau. J'en attrape un à la main pour le fun, c'est tout de même un animal étrange que je voudrai présenter à une blonde apeurée par le moindre mouvement dans les buissons.

Pour accéder à la prochaine étape sans faire de détour majeur, il nous faut emprumpter la duck creek road, 16km de conduite pour 4 roues motrices que j'estime Cajou et son pilote d'élite en mesure de reussir ce challenge. Après quelques kilomètres de montée devenant de plus en plus pentu et accidenté, le passage délicat de certaines portions me fait serrer les fesses et me gratte le bas de caisse. Les fenêtres ouvertes et le chauffage à fond pour refroidir le moteur, la grimpe est sévère et sportive jusqu'à un panorama d'où on prend la photo sur le toit du van. Nous arrivons enfin à O'Reilly's Rainforest Retreat à Canungra, une réserve pour oiseaux d'où partent des marches dans la forêt tropicale vers de très gros arbres et cours d'eaux. On s'aventure dans les chemins dégagés qui descendent dans la vallée malgré les orages menacants qu'on entend gronder au loin. On sera certainement trempés (la "forêt humide" comme ils disent ici prendra tout son sens). On s'enfonce sur le chemin jusqu'à l'averse nous presse le pas et nous fait nous réfugier sous un abris en arbre à fougère fabriqué dans la précipitation en bas de la cascade. Relativement sec vu les sacs d'eau qui tombent, on prend le temps de picniquer puis je vais sauter dans l'eau en mode nature, profiter de ce climat spécial ou le monde se transforme et prend un charme grandiose. J'en sort avec une dixaine de sangsues au niveau des chevilles que je dois scalper au couteau. C'est répugnant comme parasite, ça laisse des coupures ensanglantées qui tachent les chaussettes comme ça tacherait une culotte de fin de cycle. Bref, je ne sais pas si je les déteste plus que la tique qui est venue s'accrocher en haut de la raie de mon cul. Il y a vraiment des espèces qui cherchent la merde... Pour contraster, des perruches à la recherche du grain qu'on doit avoir dans la tête viennent se poser sur nous. Nous craignons une su-percherie.

En redescendant le plateau, une autre topographie s'ouvre, le mont Lindesay ressemble à un morceau du grand canyon des USA couvert de verdure avec un sommet plat inaccessible sans escalader avec du matériel spécifique. De quoi donner des idées. Nos arrêts camping ne sont pas exceptionnellement jolis mais au moins on est tranquille dans la forêt à jouer de la guitare et se raconter des histoires pleines de bêtes sauvages australiennes.
Lors d'une conversation ambiguë sur un sujet dont je passerai les détails, la seule réponse à la question : "what do you want from me?" (qu'est ce que tu veux de moi -faire avec moi?) que j'ai trouvé à été "une tarte à la framboise". Devenu un désir obsessionnel les heures suivantes, je fait tout ce qui est possible pour me taper ma tranche de pâtisserie. Pendant le trajet, je me gare brusquement au bord d'une route de campagne où mon instinct flaire quelque-chose dans les buissons. C'est comme ça qu'on a pu récolter un tuperware rempli de framboises sauvages. Sacré effet de surprise hein?
Je vous donne en bonus la recette épique de la tarte à la framboise sauvage au feu de bois par Clément Lamblé :
Allumer un bon gros feu de camp pour que ça braise bien.
Placer 3 pierres dans le feu de manière a surélever votre plat des braises d'au moins 20 cm et laisser toute la surface de cuisson de votre plat. En attendant, s'ouvrir une bouteille de blanc.
Sur un fond de tarte en pâte feuilletée, étaler un petit pot de crème fraiche puis recouvrir d'une couche de framboise lavées (la myxomatose n'est pas au menu). Saupoudrer de sucre.
Si vous êtes bloqué sur thermostat 27 comme moi à cause de vos tendances pyromane, placer une pierre froide au centre du fourneau calmera le jeu (pas d'eau, à moins que le hammam aux baie vous tente).
poser le plat, la casserole ou le bout de capot moteur dans lequel repose votre tarte sur les pierres et couvrir sous cloche (de l'aluminium ne touchant pas la nourriture fait l'affaire).
Tadaaaa! La pâtisserie la plus désirée du siècle est un chef d'œuvre que vous pouvez déguster avec les gens qui comptent pour vous, parce-que peu vous soutiendraient jusqu'au bout dans la réalisation vos envies farfelues. Maintenant, ils en partagent le fruit, et son goût sucré qu'elle laisse sur les lèvres a un goût d'aventure sauvage.

lundi 30 mars 2015

Brisbane

C'est la fin de notre périple avec Julien, on a plus de vêtement propre, il est donc temps de se réaccoutumer au rythme incessant et chaotique de la ville, prendre une vraie douche et prendre des nouvelles du monde extérieur. L'isolement change un homme, je suis complètement perdu entre les gratte-ciels et les marées de piétons. C'est comme si je n'appartenait plus vraiment à ce monde.
On prend 2 nuits dans un backpacker pour prendre nos marques et se reposer de ce long voyage. J'ai réussit à trouver une place pour Cajou dans le parking ce qui me fait économiser une semaine de rente, je dors dedans et fait ma vie comme un client lambda. Le budget est toujours serré et je ne me sens pas de repartir tout de suite en long voyage avant d'avoir exploré les environs et avoir ressenti un début d'appartenance à un endroit. C'est bizarre, mais c'est comme ça. Il y des fois où peu importe la magie du lieu, un besoin de s'attacher à quelque-chose vous prend et vous obsède, comparable au mal du pays mais à l'étranger, je suppose.

Je reste dans le coin à trainer les rues du centre ville à lécher les vitrines sans salive des boutiques arborant les décoration de Noël 1 mois à l'avance. Bronzer au lagoon en face des gratte-ciels, visiter les parcs botaniques et les quartiers hipster à l'ouest. Melina est a Brisbane aussi, on passe du temps ensemble à regarder les signes nager et visiter la ville, prendre le bateau taxi pour traverser le fleuve et marcher en diagonale sur les ponts. C'est pas si mal après tout, se pavaner comme à Broadway en habits d'occasion entre les hommes d'affaires qui suivent le courant. C'est une grande ville, imposante avec sa forêt de grattes ciel. Je conduis la nuit sur un pont dominant les lumières du cbd, Jay-Z chante new York et je me réjouis de la tournure que prend cette aventure.

Le serial striker frappe fort et pendant ce temps, Julien se prépare pour prendre un avion à Sydney puis rentrer en France après 2 ans en Australie. Toute belle histoire à une fin. Un choc en perspective. Se réaccommoder à une vie devenue un assemblage complexe de souvenirs entrecroisés de règles monotones auxquelles on a apprit à s'échapper. Un état d'esprit à des kilomètres de la notion commune de vacance, vous rapporter des histoires pleines de soleil, une fraicheur constructive, des métamorphoses que peu semblent comprendre ou peuvent accepter. Une angoisse pesante, comme lâcher une drogue qui voudrait apaiser, retardant le saignement de la fatalité en construisant une hémorragie. C'est ça le vrai voyage, une caresse exotique et une baffe de réalisme simultanée, les bourses vides et une richesse impalpable qu'on se partage chaque jour.