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mercredi 29 avril 2015

L'attaque du requin! Remake des dents de ta mère

Je tiens à vous avertir au préalable du contenu un peu hardcore du récit qui va suivre, veuillez ne pas reproduire ça à la maison les enfants (et autres personnes irresponsables qui ne savent pas ce qu'elles font).
Yamba. Une ville balnéaire avec un phare et quelques plages touristiques, de belles vues sur l'océan une bande rocheuse propice à la pêche donnant sur des petits herbiers marins m'appelle à la détente, du harpon. Je plonge et attends le moment propice avec tout mon matériel pour choisir et attraper mon repas. L'eau est bonne et ce qu'il y a à voir est intéressant malgré les courants croisés tumultueux rendant la tâche plus technique. Une dizaine de mètres au loin, une masse sombre terrée à ma droite attire mon attention, c'est gros. En m'approchant, je reconnais une dorsale de requin, il s'immobilise. Tout se passe au ralenti, comme dans un rêve gonflé d'adrénaline. On a un moment très profond dans nos regards, comme pendant un duel de western où décider de prendre chacun des chemins différents est encore possible. Nous sommes deux prédateurs en haut de la chaine alimentaire, je n'ai qu'un essais, celui qu'il me laisse, je suis dans son élément. La tension vacille entre curiosité et suspense, entre contemplation et animalité. Je suis à moins de 3 mètres de lui, en face à face. Ses palpitations et sa crispation est perceptible, tout se fige. Ma décision était déjà prise, l'affect doit être mis de côté pour rester concentré et efficace, le doute n'est pas admissible. Je m'arrête de respirer, comme pour lui offrir son dernier souffle, paisible. En un éclair, ma flèche le transperce entre les deux yeux. 

Il se débat sauvagement pour s'arracher de mon emprise, faisant voler le sable avec sa queue puissante et agile. Mon tir est trop propre pour qu'il puisse s'en défaire aisément. Je dégaine rapidement mon couteau et nage en sa direction pour le maitriser. Tel un matador, je porte une estocade à la colonne de mon adversaire tout en contrôlant au sol sa tête avec la flèche. L'épaisse lame plantée, m'offre un certain contrôle sur sa mâchoire tantôt menaçante (je pourrais y passer les 2 mains). J'extirpe à présent les 20 livres convulsants en nageant jusqu'au rivage pour lui donner une mort digne et abréger ses souffrance sous le regard abasourdi d'un pêcheur qui observe la scène bouche bée. Je suis de retour sur la terre. Il est battu. Un sourire nerveux d'accomplissement se pend sur mon visage bien que le premier sentiment que j'ai soit de m'excuser. C'était un beau combat.
Dans l'émission télé koh lanta, je me souviens qu'un mec avait également sortit un requin à la main et ça avait fait un boucana médiatique assez conséquent. Ça me fait penser qu'il faudrait que je filme mes sessions de harpon ou de traque à la gopro pour que je puisse éventuellement envoyer ma candidature.

L'homme a oublié son contact avec la nature et ne suis plus ses sens. On a une confiance aveugle en la technologie et en notre intelligence égocentrique supérieure pour effacer nos faiblesses et couvrir notre paresse. On a peur de ce qu'on ne connait plus et pour vaincre ces appréhensions, on extermine plutôt que d'en surmonter le rôle. On crois desormait d'avantage en nos radars qu'en nos yeux et nous sommes peut être les seuls animaux à ne pas prédire les tremblement de terre. Notre coeur bat, et nous l'écoutons seulement comme une mécanique organique et non plus comme un puis à sentiments. Ce détachement dramatique avec tout ce qui nous entoure me désole.

Dépecer et préparer une bête d'1m20 n'est pas une tache facile. Je passe une heure à séparer le cuir étrangement dur de la viande blanche charnue, découper les filets et préparer les morceaux qui constitueront mes prochains repas. 6kg de poisson, c'est beaucoup pour un seul homme, même pour un backpacker affamé. Je partagerai mon barbecue du soir avec une famille française. Les enfants sont ravis de pouvoir toucher les quelques dents acérées que j'ai gardé en souvenir et de gouter des morceaux de queue grillés au chili coco. Je connait toute leur vie après une heure, il faut dire qu'ils parlent vite les petits bouts.

Pendant une session yoga aux aurores dans le parc surplombant l'océan de south west rocks, j'offre aux courageux matinaux une partie de mon butin en leur souhaitant un joyeux Noël. Il est hors de question qu'il y aie du gâchis. Et puis le sourire gratuit d'un inconnu illumine tout autant la journée que les guirlandes habillant les maisons d'une différente richesse.

Je tiens à préciser que j'ai soutenu le projet award pour la sauvegarde des requins et des mers en général, de part mon amour de la nature et mon implication dans la conservation et la sensibilisation aux espèces marines à la grande barrière de corail. Je ne dis pas que ce que j'ai fais est bien, mal ou légitime. Je relativise mon action en constatant les faits. L'industrie maritime et chimique tue des milliers de tonnes de squales par an par inadvertance ou par des techniques de pêche irresponsable. Le wobegong est une espèce ne représentant pas de dangers majeurs pour l'homme. Pourtant le fait d'être un requin fait peur. L'homme aime avoir peur pour justifier ses crimes, mal monitoré, on constate sa population en décroissance bien qu'il soit pêché depuis longtemps (on en retrouve dans le fish and chips sous l'appellation de 'flake').
Je ne suis pas fier d'avoir tué, je suis fier d'avoir mérité mon repas en utilisant une technique de chasse équitable et loyale envers un grand prédateur. J'ai accepté de me battre tout autant que certains n'accepteraient pas de perdre.

1 commentaire:

  1. c'est un peu la corrida de la mer, attention ce n'est pas toujours le matador qui en sort victorieux. Et bien que les femmes aiment les hommes avec des cicatrices elles les préfèrent entier au deux sens du terme. Je salut l'exploit ainsi que le sens froid. J'imagine une dent mettant en valeur ton torse bronzé.
    Dad

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