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dimanche 27 juillet 2014

Port douglas

Ville charmante en bord de l'océan avec une petite péninsule formant une butte rocheuse, les restaurants, hôtels et spas sont à chaque coin de rue. Je ne fais que passer ou chercher du travail dedans mais le fait que le centre ville sente la prospérité rassure. Néanmoins, je suis un cafard parmi tant d'autres, nous, backpackers en van vivons une expérience encore différente des autres. Une boite en tôle avec des roues comme maison, mais c'est MA maison. Un espace personnel et cosi ou tout se trouve à porté de bras. Sans superflu, avec un jardin ou une plage différente pour le petit déjeuner, un livre éclairé à la bougie ou un feu de camp sous les cocotiers, un ciel rien que pour soi. Je m'imaginerais plutôt comme un oiseau libre mais ce n'est pas de l'avis de certains des locaux. Je suis à présent dans la catégorie des "gens du voyage" ce ramassis de délinquant présumé dont il faut se méfier. Je suis exactement l'équivalent d'un manouche ou d'un roumain en Europe à la différence près que je ne reçoit pas d'aides du gouvernement pendant que je glande. Chercher le boulot que personne ne veux faire, payé que dalle et être jugé sur des clichés erronés, se sentir impuissant à changer un monde qui est sourd. Tout les jours dormir dans sa caisse et jouer au chat et à la souris pour échapper à la police car la majorité des parkings interdisent de rester dans son véhicule, ça use. C'est à dire que les voyageurs fatigués ou avec un verre de trop sont préférés morts en dehors de la ville que reposés mais vivant. Encore une règle débile d'Australie. Si nous sommes bannis, c'est qu'on doit avoir quelque chose à se reprocher. D'être trop libre ou de ne pas payer des sommes astronomiques en loyer pour faire comme tout le monde. Ne pas être australien semble être un crime, plutôt étrange pour un pays constitué d'immigré depuis une dizaine de génération.
Mes habilitations et diplômes français ne sont pas valides ici. Tout est fait pour que les étrangers ne puissent pas accéder aux tâches qualifiées. Créer son propre business est en théorie possible avec le type de visa que j'ai (vacance travail) mais là encore tout est encore plus compliqué. Pour faire des crêpes sur la plage, il faut les autorisations du council (qui n'a pas envie de déranger le monopole installé), de l'organisation sanitaire, des tonnes de contraintes absurdes à respecter... C'est quoi ce pays moderne de bureaucrate? S'ils veulent s'occuper je leur donne volontiers du coloriage. Rien ne m'arrêtera, je trouverai un moyen de me frayer un chemin à ma dimension, je réussirai (quelque part, je n'ai pas trop le choix)

05 août, je me lève au parking de la marina avec un but, dessiner des bateaux. J'ai fait un brouillon hier soir de ce voilier blanc et la propriétaire m'a commandé un dessin. Je m'installe. Ma chaise pliante, mon crayon, un thé vert et un cookie, le soleil du matin et la vie du port. Les gens passent sur le pont flottant, certains vont plonger à la grande barrière de corail et ceux qui travaillent jettent un coup d'œil par dessus mon épaule. On me demande mes contacts pour d'autres travaux, ça doit plaire. Il me semble bon de citer un bout de la bohème d'Aznavour pour expliquer mon ressenti : "bien que miséreux, avec le ventre creux nous ne cessions d'y croire et quand quelques bistros contre un bon repas chaud nous prenait une toile [...] nous récitions des vers en oubliant l'hiver"
Cette douce idée de vivre de l'art et du talent expressif, de la musique ou de l'encre, vendre du rêve et vivre d'esprit... On est plus en 68, mais après avoir voyager le monde pourquoi ne pas voyager à travers ces époques?

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