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dimanche 6 juillet 2014

Winston

Je vis avec un chat à Churchill Avenue dans le cartier de Subiaco, un coin huppé de Perth. Comme tout les trucs mignons et doux rendent gaga, je tente de percer le mystère de cette boule de poil crème qui essaye de faire la loi. Je lui donne plein de noms d'oiseaux mais le seul acceptable reste Little piece of hell (petit morceau d'enfer). C'est un chasseur, on ne peut pas lui enlever ce talent, dégommer des oiseaux, c'est son passe temps. Comme un gosse qui ne grandit pas, il me réveille à 5 h du matin ou alors juste avant mon alarme déjà bien trop matinale. J'ai un vaporisateur d'eau à coté du canapé pour l'asperger et quand ça ne marche toujours pas j'imagine avoir un colt à porté de main et réduire ses gémissements timides en purée inerte. Sérieux c'est quoi son délire?
Si je devais écrire un bouquin dessus le titre serait : rétrospective d'un chat castré, homosexuel, incompris et borné. Partant du fait qu'un mâle sans ses boules ne peux devenir que chanteur de télé réalité, j'étudie la bête d'un œil intrigué et attentif. Je mène ma micro étude socio-psychologique. Il a l'air cool comme ça avec ses pattes recroquevillées mais comme tout catalyseur d'émotions et d'attentions trop intrusif et pas trop contrariant (un partenaire parfait pour personne déçue) il en résulte un décalage dans le mode d'interactions entre humains, les questions sur la vie sociale, pourquoi personne ne me comprend à par lui? La réponse est : l'image que l'on voit dans la bête est celui que l'on veux dégager dans son propre miroir. Bref, un enfant voulu mais absent, déguisé qui comble les peurs de l'essai et masque les désillusions des échecs possibles. Pouvoir auto-récompenser sa faiblesse est analogue à se droguer pour être heureux (c'est à dire se construire une réalité convenable avec un certain contrôle). Pour moi, ça révèle presque de la schizophrénie matérialisée, fantasmer sur la grenouille à force de ne plus espérer le prince. Quelque part c'est triste.
Je ne suis pas une personne qui peux supporter ses types de bestioles longtemps bien que je les apprécie. Si un jour je suis seul et que j'ai un animal qui accapare mon affection, c'est que je me serai replié un peu trop sur moi même. Winston, t'es une sacrée combinaison de contradiction tordues et on en trouvera autant qu'on en voudra, en tout cas t'es un symbole et la maison sans toi perdrait ses poils et son calme.

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